Anthologie Proust
"Et c'est pourquoi il convient de lire les écrivains classiques dans le texte et non de se contenter de morceaux choisis". - Marcel Proust, Sur la lecture
Ordre narratif proustien
- Proust - Contre Sainte-Beuve - Les choses sont moins belles que le rêve que nous avons d'elles, mais plus particulières que la notion abstraite qu'on en a
- Proust - Contre Sainte-Beuve - tous les grands écrivains se rejoignent par certains points, et sont comme les différents moments, contradictoires parfois, d'un seul homme de génie qui vivrait autant que l'humanité
- Proust - Il ne faut jamais avoir peur d'aller trop loin car la vérité est au-delà. La mauvaise littérature rapetisse. Mais la vraie fait connaître la part encore inconnue de l'âme
- Proust - la chose la plus belle de L'Education sentimentale, ce n'est pas une phrase, mais un blanc | A propos du « style » de Flaubert
- Proust - La Confession d'une jeune fille | L'absence n'est-elle pas pour qui aime la plus certaine, la plus efficace, la plus vivace, la plus indestructible, la plus fidèle des présences ?
- Proust - La fin de la jalousie | Et c'était là la fin de sa jalousie
- Proust - La fin de la jalousie | il y a entre ton cou et ma bouche, entre tes oreilles et mes moustaches, entre tes mains et mes mains des petites amitiés particulières
- Proust - La fin de la jalousie | Mais tout d'un coup, quand il les eut toutes près de lui, ces cartes, le monceau lui apparut une toute petite chose, ridiculement petite
- Proust - Sur la lecture - devant moi, inséré dans l'heure présente, un peu du passé, cette impression de rêve qu'on ressent à Venise sur la Piazetta | du Passé familièrement surgi au milieu du présent
- Proust - Sur la lecture - il convient de lire les écrivains classiques dans le texte et non de se contenter de morceaux choisis
- Proust - Sur la lecture - La lecture est au seuil de la vie spirituelle ; elle peut nous y introduire : elle ne la constitue pas
- Proust - Sur la lecture - la lecture, au rebours de la conversation, consistant à recevoir communication d'une autre pensée, mais en continuant à jouir de la puissance intellectuelle qu'on a dans la solitude
- Proust - Sur la lecture - Pour moi, je ne me sens vivre et penser que dans une chambre où tout est la création et le langage de vies profondément différentes de la mienne
- Proust - Sur la lecture - Si le goût des livres croît avec l'intelligence, ses dangers diminuent avec elle. Un esprit original sait subordonner la lecture à son activité personnelle
- Proust - Sur la lecture | Ces êtres à qui on avait donné plus de son attention et de sa tendresse qu'aux gens de la vie, on ne les verrait plus jamais
- Proust - Tolstoï dieu serein | chez Tolstoï tout est naturellement plus grand | Cette oeuvre n'est pas d'observation mais de construction intellectuelle
- Proust - Violante | Contemplant cette mer qui l'enlevait à elle et lui donnait, dans l'imagination de la jeune fille, un peu de son grand charme mystérieux et triste, charme des choses qui ne sont pas à nous
- Proust - Violante | D'objet d'art elle devint objet de luxe par cette naturelle inclinaison des choses d'ici-bas à descendre au pire quand un noble effort ne maintient pas leur centre de gravité comme au-dessus d'elles-mêmes
- Proust - Violante | Elle ne connaissait pas encore l'amour. Peu de temps après, elle en souffrit, qui est la seule manière dont on apprenne à le connaître
- Proust - Violante | Je suis sûre que, vous lui plairez. Elle aime beaucoup les jolies femmes. Violante eut à partir de ce jour deux mortelles ennemies
- Proust - Violante | Les besoins profonds d'imaginer, de créer, de vivre seule et par la pensée, et aussi de se dévouer, n'étaient plus assez impérieux pour la faire changer de vie | L'habitude
- Proust 001 - 002 - L'habitude ! aménageuse habile mais bien lente | L'influence anesthésiante de l'habitude ayant cessé, je me mettais à penser, à sentir, choses si tristes
- Proust 001 - 173 - la fille de mon rêve | la retrouver, comme ceux qui partent en voyage pour voir de leurs yeux une cité désirée et s'imaginent qu'on peut goûter dans une réalité le charme du songe
- Proust 001 - Ouverture. Longtemps, je me suis couché de bonne heure
- Proust 001 - Un homme qui dort, tient en cercle autour de lui le fil des heures, l'ordre des années et des mondes | j'avais revu tantôt l'une, tantôt l'autre, des chambres que j'avais habitées dans ma vie
- Proust 002 - déjà homme par la lâcheté, je faisais ce que nous faisons tous, quand il y a devant nous des souffrances et des injustices : je ne voulais pas les voir
- Proust 002 - un sourire où, contrairement à ce qu'on voit dans le visage de beaucoup d'humains, il n'y avait d'ironie que pour elle-même
- Proust 004 - les bourgeois d'alors se faisaient de la société une idée un peu hindoue et la considéraient comme composée de castes fermées
- Proust 005 - 433 - les Pensées de Pascal
- Proust 008 - 455 - Nostalgie
- Proust 008 - quand elle lisait... elle insufflait à cette prose si commune une sorte de vie sentimentale et continue
- Proust 014 - L'abside de l'église de Combray : « L'Église ! »
- Proust 019 - 112 - l'ingéniosité du premier romancier | supprimer les personnages réels serait un perfectionnement
- Proust 026 - une vieille dame voyait les occupations les plus insignifiantes de sa journée prendre un peu de l'intérêt de ce que Saint-Simon appelait la mécanique de la vie à Versailles
- Proust 030 - 433 - le côté de Méséglise et le côté de Guermantes, gisements profonds de mon sol mental | parce que je croyais aux choses, aux êtres, tandis que je les parcourais
- Proust 031 - la vue d'un seul coquelicot hissant au bout de son cordage et faisant cingler au vent sa flamme rouge, au-dessus de sa bouée graisseuse et noire, me faisait battre le coeur
- Proust 033 - adieu aux aubépines
- Proust 033 - Tante Léonie | Ce qui avait commencé pour elle c'est ce grand renoncement de la vieillesse qui se prépare à la mort, s'enveloppe dans sa chrysalide
- Proust 034 - Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n'ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas
- Proust 035 - 284 - ces mots français que nous sommes si fiers de prononcer exactement ne sont eux-mêmes que des « cuirs » faits par des bouches gauloises qui prononçaient de travers le latin ou le saxon
- Proust 035 - Devant nous, dans le lointain, terre promise ou maudite, Roussainville, dans les murs duquel je n'ai jamais pénétré
- Proust 036 - 397 - L'homme est l'être qui ne peut sortir de soi, qui ne connaît les autres qu'en soi, et, en disant le contraire, ment | cette porte de communication que l'amour avait pratiquée en moi
- Proust 036 - en ce temps-là tout ce qui n'était pas moi, la terre et les êtres, me paraissait plus précieux | Et la terre et les êtres je ne les séparais pas | désir d'une paysanne de Méséglise, d'une pêcheuse de Balbec
- Proust 036 - j'appris que les mêmes émotions ne se produisent pas simultanément, dans un ordre préétabli, chez tous les hommes
- Proust 037 - 372 - M. Vinteuil | son oeuvre des dernières années | indéchiffrables notations | déchiffrées par l'amie de Mlle Vinteuil | passant des années à débrouiller le grimoire laissé par Vinteuil | une gloire immortelle et compensatrice
- Proust 037 - 424 - scène à Montjouvain | sadisme | souvenir de Mlle Vinteuil à Montjouvain | Albertine amie de Mlle Vinteuil et de son amie, pratiquante professionnelle du saphisme
- Proust 039 - 433 - les sources de la Vivonne
- Proust 042 - c'est au côté de Méséglise que je dois de rester seul en extase à respirer, à travers le bruit de la pluie qui tombe, l'odeur d'invisibles et persistants lilas
- Proust 042 - c'est du côté de Guermantes que j'ai appris à distinguer ces états qui se succèdent en moi, pendant certaines périodes
- Proust 048 - 460 - la sonate de Vinteuil | La petite phrase continuait à s'associer pour Swann à l'amour qu'il avait pour Odette
- Proust 053 - il pensait à son Botticelli à lui qu'il trouvait plus beau encore et, approchant de lui la photographie de Zéphora, il croyait serrer Odette contre son coeur
- Proust 055 - de tous les agents de dissémination du mal sacré, il est bien l'un des plus efficaces, ce grand souffle d'agitation qui parfois passe sur nous
- Proust 055 - Swann frôlait anxieusement tous ces corps obscurs comme si parmi les fantômes des morts, dans le royaume sombre, il eût cherché Eurydice
- Proust 061 - Immonde !
- Proust 067 - Swann arrivait à un âge dont la philosophie n'est déjà plus celle de la jeunesse, mais une philosophie positive, presque médicale
- Proust 070 - 395 - il se plongeait dans le plus enivrant des romans d'amour, l'indicateur des chemins de fer
- Proust 084 - Swann aperçut, immobile en face de ce bonheur revécu, un malheureux qui lui fit pitié. C'était lui-même
- Proust 087 - On ne connaît pas son bonheur. On n'est jamais aussi malheureux qu'on croit | on ne connaît pas son malheur, on n'est jamais si heureux qu'on croit
- Proust 088 - une lettre anonyme, qui lui disait qu'Odette avait été la maîtresse d'innombrables hommes, de femmes, et qu'elle fréquentait les maisons de passe | après n'avoir pu soupçonner personne, il lui fallut soupçonner tout le monde
- Proust 089 - 387 - Odette - Charles Swann / Albertine - Marcel | peut-être deux ou trois fois / quatre ou cinq fois, peut-être un peu plus | Chose étrange que ces mots puissent ainsi déchirer le coeur
- Proust 090 - Swann avait envisagé toutes les possibilités. La réalité est donc quelque chose qui n'a aucun rapport avec les possibilités
- Proust 095 - j'ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre
- Proust 096 - beautés des paysages ou du grand art. Je n'étais avide de connaître que ce que je croyais plus vrai que moi-même | Balbec réel / rêvé | nord de l'Italie
- Proust 099 - à l'époque où j'aimais Gilberte, je croyais encore que l'Amour existait réellement en dehors de nous
- Proust 099 - tout se passait comme si elle et la fillette qui était l'objet de mes rêves avaient été deux êtres différents
- Proust 102 - 103 - le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant ; et les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas, comme les années
- Proust 102 - 457 - fièvre des feuilles mortes qui peut aller jusqu'à empêcher de dormir | l'île du bois de Boulogne | feuilles mortes de Saint-Cloud | Mme Swann, Gilberte, Mme de Guermantes, Albertine, Mme de Stermaria
- Proust 104 - l'idée qu'on s'est faite longtemps d'une personne bouche les yeux et les oreilles | le phénomène appelé sursaturation
- Proust 104 - la nature que nous faisons paraître dans la seconde partie de notre vie ... est quelquefois une nature inverse, un véritable vêtement retourné
- Proust 104 - les « quoique » sont toujours des « parce que » méconnus
- Proust 104 - nos vertus elles-mêmes ne sont pas quelque chose de libre, de flottant, de quoi nous gardions la disponibilité permanente
- Proust 112 - mon père venait tout d'un coup de me faire apparaître à moi-même dans le Temps | comme ces personnages de roman qui à cause de cela me jetaient dans une telle tristesse
- Proust 113 - 1er janvier
- Proust 116 - J'admirais l'impuissance de l'esprit à opérer la moindre conversion, à résoudre une seule de ces difficultés qu'ensuite la vie dénoue si aisément
- Proust 117 - 487 - Albertine : Première mention / Premières paroles / Première présentation / c'était avec elle que j'aurais mon roman / Premier baiser / Mort d'Albertine / Dernière mention dans A la recherche du temps perdu
- Proust 119 - 265 - L'affaire Dreyfus dans A la recherche du temps perdu - I
- Proust 121 - 257 - ces grands chefs-d'oeuvre ne commencent pas par nous donner ce qu'ils ont de meilleur | Ce temps du reste qu'il faut pour pénétrer une oeuvre un peu profonde
- Proust 121 - 387 - la vraie beauté est si particulière, si nouvelle, qu'on ne la reconnaît pas pour la beauté
- Proust 129 - 130 - maison de passe | Rachel quand du Seigneur | Une fois je faillis me décider, mais elle était « sous presse »
- Proust 132 - 389 - Pour les femmes qui ne nous aiment pas | tout le secret de la variation de la conduite des femmes qui ne nous aiment pas
- Proust 132 - le ton d'indifférence qu'on affecte seulement envers celle qu'on aime
- Proust 133 - 358 - rose congélation de soleil et de froid
- Proust 137 - 433 - Esquisse - C'était Léa habillée en homme. Ainsi certaines personnes se retrouvent toujours dans notre vie pour préparer nos plaisirs et nos douleurs
- Proust 140 - la dernière réserve du passé, la meilleure, celle qui, quand toutes nos larmes semblent taries, sait nous faire pleurer encore
- Proust 140 - notre vie étant si peu chronologique, interférant tant d'anachronismes dans la suite des jours | effets de l'Habitude contradictoires, elle obéit à des lois multiples
- Proust 143 - Je ressentis devant elle ce désir de vivre qui renaît en nous chaque fois que nous prenons de nouveau conscience de la beauté et du bonheur
- Proust 146 - 164 - grande question sociale, de savoir si la paroi de verre protégera toujours le festin des bêtes merveilleuses et si les gens obscurs ne viendront pas les cueillir dans leur aquarium et les manger
- Proust 146 - 397 - la longue résistance désespérée et quotidienne à la mort fragmentaire et successive telle qu'elle s'insère dans toute la durée de notre vie | l'oubli
- Proust 146 - 476 - Mlle de Stermaria | Mlle ou plutôt Mme de Stermaria, car elle avait divorcé après trois mois de mariage | Vicomtesse Alix de Stermaria
- Proust 146 - Je n'étais pas encore assez âgé et j'étais resté trop sensible pour avoir renoncé au désir de plaire aux êtres et de les posséder
- Proust 146 - la mer nue
- Proust 151 - ces rencontres où les charmes de la passante sont généralement en relation directe avec la rapidité du passage
- Proust 152 - un regard dédaigneux de ce qui l'entourait | cet être intérieur de la belle pêcheuse semblait m'être clos encore
- Proust 156 - 375 - incapable de rancune | ne jamais condamner personne | j'avais en moi un peu de ma grand-mère et me plaisais à la diversité des hommes sans rien attendre d'eux ou leur en vouloir
- Proust 162 - 344 - la terrible sauteuse de Balbec | l'impitoyable | un regard dur, rusé | Ah ! c'est tout ?
- Proust 162 - 390 - Marcel Proust, Jean-Luc Godard, Albertine : vivre sa vie, bande à part, à bout de souffle
- Proust 162 - 406 - jeune fille à la bicyclette | bacchante à bicyclette | Albertine, dans son caoutchouc, filer en bicyclette sous les averses | sans cesse en fuite sur sa bicyclette | rapide et penchée sur la roue mythologique de sa bicyclette
- Proust 162 - 418 - Gisèle | C'pauvre vieux, i m'fait d'la peine, il a l'air à moitié crevé | un amour réciproque allait m'unir à Gisèle | le rôle, le scénario, les péripéties | Gisèle ne mentait pas de la même manière qu'Albertine
- Proust 162 - l'amour - par conséquent la crainte - de la foule étant un des plus puissants mobiles | Chez le solitaire la claustration même absolue et durant jusqu'à la fin de la vie a souvent pour principe un amour déréglé de la foule
- Proust 164 - Au fur et à mesure que la saison s'avança, changea le tableau que j'y trouvais dans la fenêtre | la mer
- Proust 166 - la jeune blonde à l'air triste que j'avais vue à Rivebelle | souvenir jusque-là nivelé | manie mentale qui dans l'amour favorise la renaissance exclusive de l'image d'une certaine personne
- Proust 167 - 169 - C'est ainsi, faisant halte, les yeux brillants sous son « polo » que je la revois encore maintenant
- Proust 168 - 371 - avec un Elstir, avec un Vinteuil, avec leurs pareils, nous volons vraiment d'étoiles en étoiles
- Proust 168 - L'amour le plus exclusif pour une personne est toujours l'amour d'autre chose
- Proust 168 - une connaissance poétique, féconde en joies, de maintes formes | l'atelier d'Elstir m'apparut comme le laboratoire d'une sorte de nouvelle création du monde
- Proust 169 - l'église de Balbec | c'est tous les cercles du ciel, tout un gigantesque poème théologique et symbolique que vous avez là
- Proust 169 - le peintre avait su habituer les yeux à ne pas reconnaître de frontière fixe, de démarcation absolue, entre la terre et l'océan
- Proust 169 - Si un peu de rêve est dangereux, ce qui en guérit, ce n'est pas moins de rêve, mais plus de rêve, mais tout le rêve
- Proust 171 - après cette marée montante du génie qui recouvre la vie, quand le cerveau se fatigue, peu à peu, c'est la vie qui reprend le dessus
- Proust 173 - l'existence n'a guère d'intérêt que dans les journées où la poussière des réalités est mêlée de sable magique, où quelque vulgaire incident devient un ressort romanesque
- Proust 173 - On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même
- Proust 176 - 402 - caoutchouc d'Albertine dans lequel elle semblait devenue une autre personne | tunique guerrière de caoutchouc qui faisait bomber ses seins | Albertine encaoutchoutée des jours de pluie | maillot collant de son caoutchouc
- Proust 176 - la comédie amoureuse que j'avais tout écrite dans ma tête depuis mon enfance et que toute jeune fille aimable me semblait avoir la même envie de jouer
- Proust 177 - une différence immense entre une toilette de Callot et celle d'un couturier quelconque ? demandai-je à Albertine. - Mais énorme, mon petit bonhomme
- Proust 177 - 402 - Mlle Léa
- Proust 178 - 405 - Lettres et télégramme d'Albertine
- Proust 178 - La conversation est une divagation superficielle, qui ne nous donne rien à acquérir | la marche de la pensée dans le travail solitaire de la création artistique se fait dans le sens de la profondeur
- Proust 182 - chacune de ces Albertine était différente | étaient si divers les êtres que je contemplais en elle
- Proust 183 - Il avait fallu quitter Balbec en effet | Ce que je revis presque invariablement quand je pensai à Balbec
- Proust 184 - nous partons chercher dans une cité une âme qu'elle ne peut contenir mais que nous n'avons plus le pouvoir d'expulser de son nom
- Proust 188 - ces gestes instables perpétuellement transformés, ces tableaux successifs, c'était le résultat fugitif, le but momentané, le mobile chef-d'oeuvre que l'art théâtral se proposait
- Proust 196 - 441 - La vraie influence, c'est celle du milieu intellectuel ! On est l'homme de son idée ! | un être est tant d'êtres différents selon les personnes qui le jugent
- Proust 196 - il ne servirait mon amour qu'à moitié, sous la réserve de certains principes de moralité, et je le détestai
- Proust 198 - Avec les terribles progrès de l'artillerie, les guerres futures, s'il y a encore des guerres, seront si courtes qu'avant qu'on ait pu songer à tirer parti de l'enseignement, la paix sera faite
- Proust 199 - Rien n'invite tant à s'approcher d'un être que ce qui en sépare et quelle plus infranchissable barrière que le silence ?
- Proust 201 - Téléphone | Présence réelle que cette voix si proche - dans la séparation effective ! Mais anticipation aussi d'une séparation éternelle !
- Proust 204 - la regardant tous les deux, Robert et moi, nous ne la voyions pas du même côté du mystère. Ce n'était pas Rachel quand du Seigneur qui me semblait peu de chose, c'était la puissance de l'imagination, l'illusion que je trouvais grandes
- Proust 207 - Le besoin de rêve, le désir d'être heureux par celle à qui on a rêvé, font que beaucoup de temps n'est pas nécessaire pour qu'on confie toutes ses chances de bonheur à celle qui n'était qu'une apparition fortuite
- Proust 207 - Les portes d'or du monde des rêves s'étaient refermées sur Rachel avant que Saint-Loup l'eût vue sortir du théâtre... Il l'aimait déjà
- Proust 207 - tout ce cadre qu'autrefois mon amour de la nature m'eût fait trouver ennuyeux et factice, mais auquel sa peinture par Goethe dans Wilhelm Meister avait donné pour moi une certaine beauté
- Proust 209 - Nous travaillons à tout moment à donner sa forme à notre vie, mais en copiant malgré nous comme un dessin les traits de la personne que nous sommes et non de celle qu'il nous serait agréable d'être
- Proust 218 - Chacun voit en plus beau ce qu'il voit à distance, ce qu'il voit chez les autres. Car les lois générales qui règlent la perspective dans l'imagination s'appliquent aussi bien aux ducs qu'aux autres hommes
- Proust 227 - C'est dans la maladie que nous nous rendons compte que nous ne vivons pas seuls mais enchaînés à un être d'un règne différent : notre corps
- Proust 227 - croire à la médecine serait la suprême folie, si n'y pas croire n'en était pas une plus grande car de cet amoncellement d'erreurs se sont dégagées à la longue quelques vérités
- Proust 228 - Vous appartenez à cette famille magnifique et lamentable qui est le sel de la terre. Tout ce que nous connaissons de grand nous vient des nerveux
- Proust 230 - 401 - nous n'aurions pas dû avoir besoin du cataclysme pour aimer aujourd'hui la vie. Il aurait suffi de penser que nous sommes des humains et que ce soir peut venir la mort
- Proust 232 - 449 - le monde (qui n'a pas été créé une fois, mais aussi souvent qu'un artiste original est survenu) nous apparaît entièrement différent de l'ancien
- Proust 235 - Ma grand-mère était morte. Sur ce lit funèbre, la mort, comme le sculpteur du Moyen Âge, l'avait couchée sous l'apparence d'une jeune fille
- Proust 237 - confrontation d'images | la femme vraie s'était détachée du faisceau lumineux, elle était venue à moi | sur les deux joues de la jeune fille, embrasser toute la plage de Balbec
- Proust 238 - C'est la terrible tromperie de l'amour qu'il commence par nous faire jouer avec une femme non du monde extérieur, mais avec une poupée intérieure à notre cerveau
- Proust 240 - 241 - notre vie sociale est, comme un atelier d'artiste, remplie des ébauches délaissées où nous avions cru un moment pouvoir fixer notre besoin d'un grand amour
- Proust 242 - ce que je pense de l'amitié : à savoir qu'elle est si peu de chose | à certaines heures, la chaleur que nous ne pouvons pas trouver en nous-même
- Proust 245 - ce qu'est l'Instant | Elstir | tableaux
- Proust 245 - Cet éloignement imaginaire du passé - raisons qui permettent de comprendre que même de grands écrivains aient trouvé une beauté géniale aux oeuvres de médiocres mystificateurs comme Ossian
- Proust 245 - les gens du monde n'ajoutaient pas par la pensée à l'oeuvre d'Elstir cette perspective du Temps qui leur permettait d'aimer ou tout au moins de regarder sans gêne la peinture de Chardin
- Proust 249 - les cathédrales exerçaient un prestige bien moins grand sur un dévot du XVIIe siècle que sur un athée du XXe
- Proust 251 - hommes politiques | séances de la Chambre | les députés | il trouve insultante pour la Chambre, monstrueuse, une façon de procéder qui en soi-même est insignifiante | mots du ministre
- Proust 253 - 260 - Dans ces premiers poèmes, Victor Hugo pense encore, au lieu de se contenter, comme la nature, de donner à penser
- Proust 257 - chaque fois que quelqu'un regarde les choses d'une façon un peu nouvelle, les quatre quarts des gens ne voient goutte à ce qu'il leur montre. Il faut au moins quarante ans
- Proust 258 - je ne fis pas ce qu'eût fait un homme du monde. Il aurait dit qu'il détestait M. de Norpois et le lui avait fait sentir ; il l'aurait dit pour avoir l'air d'être la cause volontaire des médisances
- Proust 259 - les espaces de ma mémoire se couvraient peu à peu de noms qui, en se composant les uns relativement aux autres, imitaient ces oeuvres d'art achevées où il n'y a pas une seule touche qui soit isolée
- Proust 263 - Nous sommes attirés par toute vie qui nous représente quelque chose d'inconnu, par une dernière illusion à détruire
- Proust 269 - Le vice (on parle ainsi pour la commodité du langage), le vice de chacun l'accompagne à la façon de ce génie qui était invisible pour les hommes tant qu'ils ignoraient sa présence
- Proust 269 - Sans honneur que précaire, sans liberté que provisoire jusqu'à la découverte du crime
- Proust 273 - 362 - Du coup
- Proust 278 - la marquise de Citri | Bientôt, ce qui fut ennuyeux, ce fut tout. «C'est si ennuyeux les belles choses !» Finalement ce fut la vie elle-même qu'elle nous déclara une chose rasante
- Proust 279 - 484 - petite demoiselle de... je crois d'Orgeville | Mlle d'Éporcheville | la jeune fille d'excellente famille, dont Robert m'avait parlé pour l'avoir rencontrée dans une maison de passe | De l'Orgeville | Mlle de Forcheville
- Proust 279 - cette grande blonde, la femme de chambre de Mme Putbus. Elle aime aussi les femmes; je n'ai jamais vu créature aussi belle - Je me l'imagine assez Giorgione ? - Follement Giorgione
- Proust 279 - Le nez, sous l'aile mystérieuse de qui j'aurais voulu me placer car elle me parlait d'une domination peut-être cruelle mais étrange | La femme de chambre de Mme Putbus (ébauches du Cahier 50)
- Proust 284 - Existences disposées sur cinq ou six lignes de repli | Pour Albertine, je sentais que je n'apprendrais jamais rien, qu'entre la multiplicité entremêlée des détails réels et des faits mensongers je n'arriverais jamais à me débrouiller
- Proust 285 - le nom de Gilberte Swann | la tâche en avait été dévolue par l'habitude à l'un de ces nombreux secrétaires qu'elle s'adjoint
- Proust 289 - nous ne connaissons vraiment que ce que nous sommes obligés de recréer par la pensée, ce que nous cache la vie de tous les jours
- Proust 290 - les pieds dans la boue et en toilette de bal... ces pommiers étaient là en pleine campagne comme des paysans, sur une grande route de France : c'était une journée de printemps
- Proust 291 - certains jours la mer me semblait maintenant presque rurale elle-même
- Proust 292 - On s'aperçoit que la vie n'est plus la vie qu'on aurait quittée pour un rien la veille, parce que, si on continue à ne pas craindre la mort, on n'ose plus penser à la séparation
- Proust 292 - le caractère d'Albertine | la chose vue par moi, de mon côté du verre, qui n'était nullement transparent
- Proust 293 - je m'étais intoxiqué moi-même | Je pensais alors à tout ce que j'avais appris de l'amour de Swann pour Odette | l'hypothèse qui me fit peu à peu construire tout le caractère d'Albertine
- Proust 294 - 462 - On recommandait de ne pas fatiguer l'attention de l'auditeur, comme si nous ne disposions pas d'attentions différentes dont il dépend précisément de l'artiste d'éveiller les plus hautes
- Proust 295 - 462 - les théories et les écoles, comme les microbes et les globules, s'entre-dévorent et assurent, par leur lutte, la continuité de la vie
- Proust 297 - J'aurais dû partir ce soir-là sans jamais la revoir | dans l'amour non partagé - autant dire dans l'amour, car il est des êtres pour qui il n'est pas d'amour partagé - on peut goûter du bonheur seulement ce simulacre
- Proust 303 - je n'ai jamais retrouvé ni identifié la belle jeune fille à la cigarette | On peut quelquefois retrouver un être, mais non abolir le temps
- Proust 309 - Un philosophe qui n'était pas assez moderne pour elle, Leibniz, a dit que le trajet est long de l'intelligence au coeur. Ce trajet Mme de Cambremer n'avait pas été de force à le parcourir
- Proust 310 - ils avaient l'air d'une bande d'anthropophages | Car l'instinct d'imitation et l'absence de courage gouvernent les sociétés comme les foules
- Proust 314 - à côté de mon petit noyau, cela n'existait pas
- Proust 317 - 391 - Tous les jours, je sortais avec Albertine | l'automobile qui ne respecte aucun mystère | l'émerveillement d'Albertine devant l'automobile | chemins de Balbec | promenades en automobile
- Proust 319 - les gens à qui les cordes trop tendues du glorieux Sourd font mal aux oreilles. Or c'est justement ce mysticisme presque aigre qui est divin
- Proust 320 - 359 - Marcouville-l'Orgueilleuse | son église, moitié neuve, moitié restaurée | l'inimitable beauté des vieilles pierres | Elstir en contradiction avec son propre impressionnisme
- Proust 320 - mon sort était de ne poursuivre que des fantômes, des êtres dont la réalité pour une bonne part était dans mon imagination | il y a des êtres, ce qu'il leur faut, ce sont des fantômes
- Proust 320 - presque aussi vite que de personnalité elle changeait de voix, perdait la sienne pour en prendre une autre, enrouée, hardie, presque crapuleuse
- Proust 321 - Ce sont des milieux où on fait tribu, congrégation et chapelle. Une petite secte. En être ou ne pas en être
- Proust 321 - une route sauvage | comme des fragments d'un autre univers : j'avais reconnu le paysage montagneux et marin qu'Elstir a donné pour cadre à ces deux admirables aquarelles
- Proust 322 - Caractère de Morel | Il ressemblait à un vieux livre du Moyen Âge, extraordinairement composite | sa nature était comme un papier sur lequel on a fait tant de plis dans tous les sens qu'il est impossible de s'y retrouver
- Proust 323 - les hommes « occupés » | la culture désintéressée, qui leur paraît comique passe-temps d'oisifs, c'est la même qui dans leur propre métier met hors de pair
- Proust 324 - dans l'humanité la règle est que les durs sont des faibles dont on n'a pas voulu, et que les forts ont seuls cette douceur que le vulgaire prend pour de la faiblesse
- Proust 325 - quel homme de goût avait eu cette réponse, à qui lui demandait quel événement l'avait le plus affligé dans sa vie : La mort de Lucien de Rubempré dans Splendeurs et misères
- Proust 325 - Vous dites cela parce que vous ne connaissez pas la vie, dit le baron doublement agacé, car il sentait que Brichot ne comprendrait ni ses raisons d'artiste ni les autres
- Proust 330 - La lumineuse intelligence, brusque, convulsive et rétrécie, ne reflète plus qu'un moi irrité, soupçonneux, coquet, faisant tout ce qu'il faut pour déplaire
- Proust 331 - théoriquement on trouve qu'on devrait toujours s'expliquer franchement, éviter les malentendus. Mais bien souvent la vie les combine de telle manière que pour les dissiper, il faudrait révéler pire encore que le malentendu
- Proust 334 - Je prenais mieux conscience de mes propres transformations en les confrontant à l'identité des choses
- Proust 335 - le monde où étaient cette chambre et ces bibliothèques, et dans lequel Albertine était si peu de chose, était peut-être un monde intellectuel, qui était la seule réalité
- Proust 336 - ceux qui apprennent sur la vie d'un autre quelque détail exact en tirent aussitôt des conséquences qui ne le sont pas
- Proust 336 - Le soleil tout à coup jaunissait cette mousseline de verre, la dorait et, découvrant doucement en moi un jeune homme plus ancien qu'avait caché longtemps l'habitude, me grisait de souvenirs
- Proust 336 - Tout, là-bas, lui fut rendu facile grâce à la bonté, au dévouement de Legrandin | Le snobisme est une maladie grave de l'âme, mais localisée et qui ne la gâte pas tout entière
- Proust 337 - comme eût dit ta pauvre grand-mère, citant Mme de Sévigné, nous enlèvent à la solitude sans nous apporter la société | Mme de Sévigné, Nietzsche, Proust
- Proust 338 - Ma jalousie naissait par des images, pour une souffrance, non d'après une probabilité
- Proust 341 - Il suffirait d'un petit mouvement d'énergie, un seul jour, pour changer cela une fois pour toutes
- Proust 342 - 343 - si l'obligation de faire face aux promesses faites lui causait du déplaisir, elle devenait aussitôt de la part de Morel l'objet d'une antipathie
- Proust 342 - Qu'y a-t-il de plus poétique que Xerxès, fils de Darius, faisant fouetter de verges la mer qui avait englouti ses vaisseaux ?
- Proust 343 - Elle avait à ce moment-là l'apparence d'une oeuvre d'Elstir ou de Bergotte, j'éprouvais une exaltation momentanée pour elle, la voyant dans le recul de l'imagination et de l'art
- Proust 343 - J'en serais réduit pour toujours, comme un juge, à tirer des conclusions incertaines d'imprudences de langage. Et toujours elle me sentirait jaloux et juge
- Proust 344 - 399 - bague d'or | l'aigle sur la bague au rubis | le chiffre d'Albertine | cet aigle impitoyable dont les ailes avaient emporté la confiance que je gardais dans mon amie
- Proust 344 - Aussitôt je voyais son visage gluant se gâter. Sa bouche devenait amère. Il ne restait plus rien à Andrée de cette juvénile gaieté
- Proust 344 - cet inconnaissable qu'est pour nous, quand nous cherchons effectivement à nous la représenter, la vie réelle d'une autre personne
- Proust 344 - Quand on a été épris d'un peintre, puis d'un autre, on peut à la fin avoir pour tout le musée une admiration qui n'est pas glaciale, car elle est faite d'amours successives
- Proust 345 - 388 - Je m'étais embarqué sur le sommeil d'Albertine | plaisir de la voir dormir | la voir s'éveiller | quand Albertine dormait, elle semblait avoir retrouvé son innocence | le jus jaillissant qui désaltère
- Proust 347 - 401 - les circonstances exceptionnelles ayant pour effet d'exalter ce qui existait préalablement dans l'homme, chez le laborieux le labeur et chez l'oisif la paresse
- Proust 347 - 406 - ce que M. de Charlus flétrissait sous le nom de procrastination | ma « procrastination », comme disait Saint-Loup
- Proust 348 - à ces êtres de fuite, leur nature, notre inquiétude attachent des ailes. Et même auprès de nous, leur regard semble nous dire qu'ils vont s'envoler
- Proust 349 - On donne sa fortune, sa vie pour un être... Ce qui nous attache aux êtres, ce sont ces mille racines, ces fils innombrables ; c'est cette trame continue
- Proust 349 - Ses mensonges, ses aveux, me laissaient à achever la tâche d'éclaircir la vérité | de grands intervalles tout en blanc et sur toute la longueur desquels il me fallait retracer, et pour cela d'abord apprendre, sa vie
- Proust 349 - cette scène qui pourrait s'appeler : Devant le téléphone
- Proust 349 - l'impossibilité où se heurte l'amour. Nous nous imaginons qu'il a pour objet un être qui peut être couché devant nous, enfermé dans un corps. Il est l'extension de cet être
- Proust 349 - je venais d'être infiniment sensible à sa voix | Alors, je me rappelai d'autres voix encore, des voix de femmes surtout, les unes ralenties par la précision d'une question et l'attention de l'esprit, d'autres essoufflées par le flot lyrique de ce qu'elles racontent
- Proust 350 - une grande partie de ce que nous disons n'étant qu'une récitation
- Proust 351 - Être dur et fourbe envers ce qu'on aime est si naturel | l'indifférence n'invite pas à la méchanceté
- Proust 354 - On a dit que la beauté est une promesse de bonheur. Inversement la possibilité du plaisir peut être un commencement de beauté
- Proust 354 - quand j'allais tous les jours chez Gilberte elle aimait un jeune homme qu'elle voyait beaucoup plus que moi
- Proust 354 - tout le tapis des sous-bois, qu'Elstir croyait avoir sous les yeux comme une zone imaginaire
- Proust 354 - un wagon de première classe cessa d'être considéré a priori comme plus beau que Saint-Marc de Venise
- Proust 355 - La curiosité amoureuse est comme celle qu'excitent en nous les noms de pays, toujours déçue, elle renaît et reste toujours insatiable
- Proust 355 - 356 - quand Albertine émettait une affirmation de ce genre, ce n'était jamais que le premier stade d'affirmations différentes
- Proust 357 - 372 - Je me rendais compte de tout ce qu'a de réel l'oeuvre de Wagner
- Proust 357 - 372 - Wagner / Vinteuil : la reprise moins d'un motif que d'une névralgie / on ne savait pas, à chacune de ses reprises, si c'était celles d'un thème ou d'une névralgie
- Proust 358 - 360 - il m'était souvent arrivé en lisant des Mémoires, un roman, où un homme sort toujours avec une femme, de désirer pouvoir faire ainsi | Albertine pendant notre promenade
- Proust 359 - Celui qui veut entretenir en soi le désir de continuer à vivre doit se promener ; car les rues sont pleines de Déesses
- Proust 359 - Albertine regardait un instant toutes ces filles avec une attention profonde. On trouve innocent de désirer et atroce que l'autre désire
- Proust 359 - Mensonge. Quelle chose plus usuelle que lui... Il est l'instrument de conservation le plus nécessaire et le plus employé. Or c'est lui que nous avons la prétention de bannir de la vie de celle que nous aimons
- Proust 359 - une héroïne que mon désir suffisait à engager dans des péripéties délicieuses, au seuil d'un roman que je ne connaîtrais pas
- Proust 360 - 385 - il n'est pas de belle prison | besoin d'oublier, auquel se livrent les captifs
- Proust 360 - leurs mensonges respectifs s'emboîtaient si bien les uns dans les autres, tout en présentant une grande variété, que la petite bande avait la solidité impénétrable
- Proust 360 - C'est terrible d'avoir la vie d'une autre personne attachée à la sienne comme une bombe qu'on tiendrait sans qu'on puisse la lâcher sans crime
- Proust 361 - La nature ne semble guère capable de donner que des maladies assez courtes. Mais la médecine s'est annexé l'art de les prolonger
- Proust 361 - Toutes ces obligations qui n'ont pas leur sanction dans la vie présente semblent appartenir à un monde différent, fondé sur la bonté, le scrupule, le sacrifice
- Proust 361 - une mort qui me fit beaucoup de peine, celle de Bergotte | le symbole de sa résurrection
- Proust 362 - heureuses aptitudes au mensonge animé, coloré des teintes mêmes de la vie | elle était charmante quand elle inventait un récit qui ne laissait pas de place au doute
- Proust 362 - j'ai été forcé d'amincir la chose, mais ce n'est pas un univers, c'est des millions, qui s'éveillent tous les matins.
- Proust 362 - la jalousie redouble l'amour, au point de vue de l'amant | Aussi est-ce en pure perte pour elle que sa maîtresse le fait tant souffrir
- Proust 363 - L'irresponsabilité aggrave les fautes. Landru, s'il l'a fait par intérêt, à quoi l'on peut résister, peut être gracié, mais non si ce fut par un sadisme irrésistible
- Proust 366 - 460 - Le septuor de Vinteuil | chef-d'oeuvre triomphal et complet | plus merveilleuse qu'une adolescente, la petite phrase, vint à moi, reconnaissable sous ces parures nouvelles
- Proust 370 - j'avais pensé aux autres mondes qu'avait pu créer Vinteuil comme à des univers clos, comme avait été chacun de mes amours | mes autres amours n'y avaient été que de minces et timides essais | ce plus vaste amour... l'amour pour Albertine
- Proust 371 - je me demandais si la musique n'était pas l'exemple unique de ce qu'aurait pu être - s'il n'y avait pas eu l'invention du langage - la communication des âmes
- Proust 372 - Chaque fois les journalistes philosophes sont persuadés qu'il y a quelque chose de changé en France, qu'on n'admirera plus Ibsen, Renan, Dostoïevsky, Annunzio, Tolstoï, Wagner, Strauss
- Proust 373 - 380 - Verdurin à Saniette | des invités s'empressaient, prêts, comme des lions, à dévorer l'homme terrassé | jamais en vouloir aux hommes, jamais les juger d'après tel souvenir d'une méchanceté
- Proust 374 - Le monde des différences n'existant pas à la surface de la terre, parmi tous les pays que notre perception uniformise, à plus forte raison n'existe-t-il pas dans le « monde »
- Proust 376 - 384 - simuler des adieux | une fois libre pour que j'aille me faire casser le pot | Ma petite Albertine, il vaut mieux nous quitter | comédie de rupture | scène de séparation fictive
- Proust 378 - On ne supporte pas toujours bien les larmes qu'on fait verser
- Proust 380 - j'avais forgé moi-même, pour une servitude éternelle, les inflexibles barreaux d'or
- Proust 381 - 383 - Albertine déguisée en homme, histoire de rigoler plutôt | Les gomorrhéennes
- Proust 382 - Si le lecteur n'en a que l'impression assez faible, c'est qu'étant narrateur je lui expose mes sentiments en même temps que je lui répète mes paroles
- Proust 383 - Son nez, sa bouche, ses yeux formaient une harmonie parfaite, isolée du reste, elle avait l'air d'un pastel et de ne pas plus avoir entendu ce qu'on venait de dire que si on l'avait dit devant un portrait de La Tour
- Proust 383 - À quelles croyances à la vie future adaptait-elle le mensonge, avec quels dieux moins coulants qu'elle n'avait cru essayait-elle de s'arranger ?
- Proust 384 - je restais devant ce corps tordu, cette figure allégorique de quoi ? de ma mort ? de mon amour ?
- Proust 385 - 398 - la vie en changeant fait des réalités avec nos fables | Le temps passe, et peu à peu tout ce qu'on disait par mensonge devient vrai
- Proust 385 - ce qui est vrai aussi, c'est ce que j'ai lu dans les yeux d'Albertine | du mystère dans la vie de tous les jours
- Proust 386 - 387 - les grands littérateurs n'ont jamais fait qu'une seule oeuvre, ou plutôt réfracté à travers des milieux divers une même beauté qu'ils apportent au monde
- Proust 386 - c'est une façon assurée d'être recherché qui ne réussit que comme celle d'être aimé, c'est-à-dire si on ne l'a nullement adoptée pour cela
- Proust 386 - parce que je lui avais coupé les ailes, elle avait cessé d'être une Victoire, elle était une pesante esclave dont j'aurais voulu me débarrasser
- Proust 387 - Cet amour entre femmes était quelque chose de trop inconnu | lieux où Albertine avait vécu | L'amour, c'est l'espace et le temps rendus sensibles au coeur
- Proust 387 - Chez Dostoïevski je trouve des puits excessivement profonds, mais sur quelques points isolés de l'âme humaine | beaucoup de ce qui s'épanouira chez Tolstoï
- Proust 387 - Thomas Hardy, Stendhal, Ver Meer, Dostoïevski, Rembrandt, Mme de Sévigné, Choderlos de Laclos, Baudelaire, Tolstoï
- Proust 388 - Albertine | elle était plutôt comme une grande déesse du Temps | cette issue hors de soi-même | la vie des autres
- Proust 388 - L'inconnu de la vie des êtres est comme celui de la nature, que chaque découverte scientifique ne fait que reculer mais n'annule pas
- Proust 388 - nous trouvons de tout dans notre mémoire : elle est une espèce de pharmacie, de laboratoire de chimie, où on met au hasard la main tantôt sur une drogue calmante, tantôt sur un poison dangereux
- Proust 390 - 485 - temps perdu
- Proust 391 - Albertine et Émilie Daltier | même en tenant compte des mensonges, il était incroyable à quel point sa vie était successive, et fugitifs ses plus grands désirs
- Proust 391 - des hommes qui exigent qu'une femme renonce au théâtre, bien que, d'ailleurs, c'est parce qu'elle avait été au théâtre qu'ils l'ont aimée
- Proust 391 - Je sentis son odeur de pétrole. Une odeur qui était comme un symbole de bondissement et de puissance et qui renouvelait le désir que j'avais eu à Balbec. Viens déjeuner à la campagne
- Proust 392 - nouveau visage de l'Habitude. Jusqu'ici je l'avais considérée comme un pouvoir annihilateur ; maintenant je la voyais comme une divinité redoutable
- Proust 395 - C'est ça, la jeune fille que tu aimes ?
- Proust 395 - Bref Albertine n'était, comme une pierre autour de laquelle il a neigé, que le centre générateur d'une immense construction qui passait par le plan de mon coeur
- Proust 395 - ce petit bout de museau | ce qu'on aime est trop dans le passé, pour qu'on ait besoin de toute la femme ; on veut seulement être sûr que c'est elle | l'identité, autrement importante que la beauté
- Proust 395 - Laissons les jolies femmes aux hommes sans imagination | moins le portrait d'une amante que du déformant amour
- Proust 397 - on ne peut lire un roman sans donner à l'héroïne les traits de celle qu'on aime. Mais la fin du livre a beau être heureuse, notre amour n'a pas fait un pas de plus
- Proust 398 - la manière désastreuse dont est construit l'univers psychopathologique veut que l'acte maladroit, l'acte qu'il faudrait avant tout éviter, soit justement l'acte calmant
- Proust 401 - Que de fois j'avais traversé pour aller chercher Albertine, que de fois j'avais repris, au retour avec elle, la grande plaine de Cricqueville
- Proust 401 - Que le jour est lent à mourir par ces soirs démesurés de l'été ! | Ah ! quand la nuit finirait-elle ?
- Proust 402 - le paysage moral | une sorte d'année sentimentale
- Proust 402 - On n'est que par ce qu'on possède, on ne possède que ce qui vous est réellement présent, et tant de nos souvenirs, de nos humeurs, de nos idées partent faire des voyages loin de nous-même
- Proust 404 - cette femme n'a fait que susciter par des sortes d'appels magiques mille éléments de tendresse existant en nous à l'état fragmentaire et qu'elle a assemblés
- Proust 405 - L'idée qu'on mourra est plus cruelle que mourir, mais moins que l'idée qu'un autre est mort, que, redevenue plane après avoir englouti un être, s'étend, sans même un remous à cette place-là, une réalité d'où cet être est exclu
- Proust 405 - Que ce soient les conditions sociales, les prévisions de la sagesse, en vérité, on n'a pas de prises sur la vie d'un autre être
- Proust 406 - Je me voyais perdu dans la vie comme sur une plage illimitée où j'étais seul et où, dans quelque sens que j'allasse, je ne la rencontrerais jamais
- Proust 408 - On aime sur un sourire, sur un regard, sur une épaule. Cela suffit ; alors dans les longues heures d'espérance ou de tristesse, on fabrique une personne
- Proust 409 - je continuais à causer avec Albertine, je réparais l'oubli de choses que j'avais toujours voulu lui dire pendant sa vie
- Proust 410 - le Désir incarné d'Albertine qu'Andrée était pour moi
- Proust 411 - 412 - ces plaisirs qui font de notre vie comme une suite de zones concentriques, contiguës, harmoniques et dégradées, autour d'un désir premier qui a donné le ton
- Proust 411 - le souvenir n'est pas inventif, il est impuissant à désirer rien d'autre, même rien de mieux que ce que nous avons possédé
- Proust 412 - mon amour étant un état mental | C'est le malheur des êtres de n'être pour nous que des planches de collections fort usables dans notre pensée
- Proust 413 - certains romans sont comme de grands deuils momentanés, abolissent l'habitude, nous remettent en contact avec la réalité de la vie
- Proust 413 - n'était-il pas naturel que maintenant l'étoile finissante de mon amour en lequel elles s'étaient condensées, se dispersât de nouveau en cette poussière disséminée de nébuleuses ? Toutes me semblaient des Albertine
- Proust 420 - 421 - Combien peu d'ailleurs, je savais, je saurais jamais de cette histoire d'Albertine, la seule histoire qui m'eût particulièrement intéressé
- Proust 424 - La vie selon son habitude qui est par des travaux incessants d'infiniment petits de changer la face du monde
- Proust 427 - l'optimisme est la philosophie du passé
- Proust 429 - Gilberte, duchesse de Guermantes | Tout ce qui nous semble impérissable tend à la destruction ; une situation mondaine n'est pas créée une fois pour toutes mais se reconstruit à chaque instant
- Proust 430 - la Muse qui a recueilli tout ce que les Muses plus hautes de la philosophie et de l'art ont rejeté, tout ce qui n'est que contingent mais révèle aussi d'autres lois : c'est l'Histoire
- Proust 431 - Les homosexuels seraient les meilleurs maris du monde s'ils ne jouaient pas la comédie d'aimer les femmes
- Proust 433 - Comment, cela ne vous fait rien éprouver, me disait-elle, de prendre ce petit raidillon que vous montiez autrefois ?
- Proust 433 - la vraie Gilberte, la vraie Albertine, c'étaient peut-être celles qui s'étaient au premier instant livrées dans leur regard, l'une devant la haie d'épines roses, l'autre sur la plage. Je les avais ratées
- Proust 435 - Une femme qu'on aime suffit rarement à tous nos besoins et on la trompe avec une femme qu'on n'aime pas
- Proust 435 - aimer est un mauvais sort comme ceux qu'il y a dans les contes, contre quoi on ne peut rien jusqu'à ce que l'enchantement ait cessé
- Proust 435 - C'était sous cette forme trop simple que je jugeais mon aventure avec Albertine, maintenant que je ne voyais plus cette aventure que du dehors
- Proust 435 - chez des femmes comme la fille d'Odette ou les jeunes filles de la petite bande il y a un tel cumul de goûts alternants que définir le goût réel et dominant reste difficile
- Proust 436 - 438 - un volume du journal inédit des Goncourt (Pastiche, Le Temps Retrouvé)
- Proust 436 - Normandie | dans un éteignement sommeilleux de toutes les couleurs où la lumière ne serait plus donnée que par une mer presque caillée ayant le bleuâtre du petit lait
- Proust 438 - pour que les choses paraissent nouvelles, même si elles sont anciennes, et même si elles sont nouvelles, il faut en art, comme en médecine, comme en mondanité, des noms nouveaux
- Proust 439 - 467 - la plus belle partie des Mémoires d'Outre-Tombe | Chateaubriand | le gazouillement d'une grive | Une odeur fine et suave d'héliotrope
- Proust 439 - ceux qui se sont fait une vie intérieure ambiante ont peu égard à l'importance des événements | quelque chose qui semble en soi n'avoir aucune importance renverse pour eux l'ordre du temps
- Proust 442 - 443 - Lettres de Gilberte, 1914, 1916 | La bataille de Méséglise a duré plus de huit mois
- Proust 442 - La guerre, me disait-il, n'échappe pas aux lois de notre vieil Hegel. Elle est en état de perpétuel devenir
- Proust 447 - ce public qui ne juge ainsi des hommes et des choses de la guerre que par les journaux est persuadé qu'il juge par lui-même
- Proust 448 - 449 - Les cathédrales doivent être adorées jusqu'au jour où, pour les préserver, il faudrait renier les vérités qu'elles enseignent
- Proust 449 - Généralement, il est vrai, les nouveautés dont on s'alarme se passent fort bien
- Proust 449 - Qui n'est pas pour nous est contre nous | Nietzsche : Si quelqu'un osait dire maintenant : « Celui qui n'est pas pour moi est contre moi », il aurait immédiatement tout le monde contre lui
- Proust 449 - tout ami des arts était accusé de s'occuper de choses funestes à la patrie, toute civilisation qui n'était pas belliqueuse étant délétère | Ainsi tourne la roue du monde
- Proust 450 - ma paresse m'ayant donné l'habitude, pour mon travail, de le remettre jour par jour au lendemain, je me figurais qu'il pouvait en être de même pour la mort
- Proust 451 - 455 - la maison de Jupien, cette maison sur laquelle M. de Charlus eût pu prophétiquement écrire « Sodoma »
- Proust 454 - Je déteste le genre moyen, disait-il, la comédie bourgeoise est guindée, il me faut ou les princesses de la tragédie classique ou la grosse farce. Pas de milieu, Phèdre ou Les Saltimbanques
- Proust 454 - Ce n'est pas que l'éducation des enfants, c'est celle des poètes qui se fait à coups de gifles
- Proust 455 - Dans les personnes que nous aimons, il y a, immanent à elles, un certain rêve que nous ne savons pas toujours discerner mais que nous poursuivons
- Proust 458 - 461 - un être extra-temporel | un peu de temps à l'état pur. L'être qui était rené en moi | faire une oeuvre d'art
- Proust 460 - L'impression est pour l'écrivain ce qu'est l'expérimentation pour le savant, avec cette différence que chez le savant le travail de l'intelligence précède et chez l'écrivain vient après
- Proust 461 - Mais du volume lui-même la neige qui couvrait les Champs-Élysées le jour où je le lus n'a pas été enlevée, je la vois toujours | bibliophile
- Proust 461 - Une oeuvre où il y a des théories est comme un objet sur lequel on laisse la marque du prix
- Proust 462 - ce livre essentiel, le seul livre vrai, un grand écrivain n'a pas à l'inventer puisqu'il existe déjà en chacun de nous, mais à le traduire. Le devoir et la tâche d'un écrivain sont ceux d'un traducteur
- Proust 462 - dès que l'intelligence raisonneuse veut se mettre à juger des oeuvres d'art, il n'y a plus rien de fixe, de certain, on peut démontrer tout ce qu'on veut
- Proust 462 - Et quant à la jouissance que donne à un esprit parfaitement juste, à un coeur vraiment vivant, la belle pensée d'un maître, elle les réduit tout de même à n'être que la pleine conscience d'un autre
- Proust 462 - le célibataire de l'art | cette fuite loin de notre propre vie que nous n'avons pas le courage de regarder et qui s'appelle l'érudition
- Proust 462 - N'imitons pas les révolutionnaires qui par « civisme » méprisaient, s'ils ne les détruisaient pas, les oeuvres de Watteau et de La Tour, peintres qui honorent davantage la France que tous ceux de la Révolution
- Proust 463 - art de vivre | nous servir des personnes qui nous font souffrir comme d'un degré permettant d'accéder à leur forme divine | peupler notre vie de divinités
- Proust 463 - La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent pleinement vécue, c'est la littérature
- Proust 463 - le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision
- Proust 464 - Un homme né sensible et qui n'aurait pas d'imagination pourrait malgré cela écrire des romans admirables
- Proust 465 - c'est le chagrin qui développe les forces de l'esprit
- Proust 465 - De ma vie passée je compris encore que les moindres épisodes avaient concouru à me donner la leçon d'idéalisme dont j'allais profiter aujourd'hui
- Proust 465 - Là où la vie emmure, l'intelligence perce une issue
- Proust 466 - nous sentons que la vie est un peu plus compliquée qu'on ne dit, et même les circonstances. Et il y a une nécessité pressante à montrer cette complexité
- Proust 466 - seule la perception grossière et erronée place tout dans l'objet, quand tout est dans l'esprit
- Proust 469 - On éprouve d'abord beaucoup de peine à se figurer que tant de temps ait passé et ensuite qu'il n'en ait pas passé davantage
- Proust 478 - 484 - Mlle de Saint-Loup | pleine encore d'espérances, riante, formée des années mêmes que j'avais perdues, elle ressemblait à ma jeunesse
- Proust 479 - on se figure que c'est grotesque, mais c'est peut-être magnifique | en écoutant l'actrice, chacun attendait que d'autres prissent l'initiative de rire ou de critiquer, ou de pleurer ou d'applaudir
- Proust 483 - Nous ne nous méfions pas des femmes qui ne sont pas « notre genre », nous les laissons nous aimer, et si nous les aimons ensuite, nous les aimons cent fois plus que les autres
- Proust 485 - 487 (FIN) - il était temps de commencer | écrire un tel livre | le créer comme un monde sans laisser de côté ces mystères | un livre aussi long que Les Mille et Une Nuits
- Proust 487 - c'était bien cette sonnette qui tintait encore en moi