Citations — tri alphabétique
Courtes citations, complétant l'Anthologie Proust.
- A partir d'un certain âge nos amours, nos maîtresses sont filles de notre angoisse
- ainsi qu'au début il est formé par le désir, l'amour n'est entretenu plus tard que par l'anxiété douloureuse
- au lieu de lui dire que j'étais triste, je devenais méchant
- aux troubles de la mémoire sont liées les intermittences du coeur
- Avec la « sensibilité » prétendue des nerveux grandit leur égoïsme ; ils ne peuvent supporter de la part des autres l'exhibition des malaises
- bien que chaque assassin en particulier s'imagine avoir tout si bien combiné qu'il ne sera pas pris, en somme les assassins sont presque toujours pris
- bien souvent pour que nous découvrions que nous sommes amoureux, peut-être même pour que nous le devenions, il faut qu'arrive le jour de la séparation
- c'est avec des adolescents qui durent un assez grand nombre d'années que la vie fait des vieillards
- c'est en descendant en profondeur dans une individualité qu'ils auraient chance de comprendre ces phénomènes
- C'est le malheur des êtres de n'être pour nous que des planches de collections fort usables dans notre pensée
- c'est parce qu'ils contiennent ainsi les heures du passé que les corps humains peuvent faire tant de mal à ceux qui les aiment
- C'était cet inconnu qui faisait le fond de mon amour
- Car il ne pouvait jamais « rester sans rien faire », quoiqu'il ne fît d'ailleurs jamais rien
- car il y a une chose plus difficile encore que de s'astreindre à un régime, c'est de ne pas l'imposer aux autres
- Car souvent j'ai voulu revoir une personne sans discerner que c'était simplement parce qu'elle me rappelait une haie d'aubépines
- ce jour, où les coupables assurent que leur innocence sera reconnue et qui, pour des raisons mystérieuses, n'est jamais celui où on les interroge
- Ce qu'on prend en présence de l'être aimé, n'est qu'un cliché négatif, on le développe plus tard
- ce que les gens ont fait, ils le recommencent indéfiniment
- ce seul fantôme digne de hanter notre vie que reste une passante dont nous ne savons rien, que nous avons à peine discernée
- celles de mes occupations qui réclamaient une inviolable solitude : la lecture, la rêverie, les larmes et la volupté
- certains romans sont comme de grands deuils momentanés, abolissent l'habitude, nous remettent en contact avec la réalité de la vie
- Certains souvenirs sont comme des amis communs, ils savent faire des réconciliations
- Cette beauté nouvelle et terrible d'une maison, cette beauté nouvelle et mixte d'un visage de femme, voilà ce que Dostoïevski a apporté d'unique au monde
- cette fuite loin de notre propre vie que nous n'avons pas le courage de regarder et qui s'appelle l'érudition
- cette indifférence aux souffrances qu'on cause, qui est la forme terrible et permanente de la cruauté
- cette naïve ou feinte crédulité des gens qui aiment quelqu'un et imputent à ce quelqu'un un désir qu'il n'a pourtant pas manifesté, malgré des sollicitations fastidieuses
- cette sorte de manie mentale qui dans l'amour favorise la renaissance exclusive de l'image d'une certaine personne
- ceux qui apprennent sur la vie d'un autre quelque détail exact en tirent aussitôt des conséquences qui ne le sont pas
- chacun a sa manière propre d'être trahi, comme il a sa manière de s'enrhumer
- Chaque être est détruit quand nous cessons de le voir ; puis son apparition suivante est une création nouvelle
- Chez le prêtre comme chez l'aliéniste, il y a toujours quelque chose du juge d'instruction
- Combien de grandes cathédrales restent inachevées !
- Combien de personnes, de villes, de chemins, la jalousie nous rend ainsi avides de connaître ! Elle est une soif de savoir
- Comme certains bonheurs, il y a certains malheurs qui viennent trop tard, ils ne prennent pas en nous toute la grandeur qu'ils auraient eue quelque temps plus tôt
- comme ceux qui partent en voyage pour voir de leurs yeux une cité désirée et s'imaginent qu'on peut goûter dans une réalité le charme du songe
- comme il y a toujours toute espèce de choses, les unes dangereuses, les autres salutaires, dans ce fouillis où les souvenirs ne s'éclairent qu'un à un
- Comme il y a une géométrie dans l'espace, il y a une psychologie dans le temps
- Comme la souffrance va plus loin en psychologie que la psychologie !
- comme nous avons le don d'inventer des contes pour bercer notre douleur
- comme si de telles révélations ne devaient être la récompense que d'un acte plein de risques, quoique en partie clandestin
- comme si les hommes étaient juchés sur de vivantes échasses, grandissant sans cesse
- Comme sur une plage où la marée descend irrégulièrement, j'étais assailli par la morsure de tel de mes soupçons quand déjà l'image de sa douce présence était retirée trop loin de moi
- comme tous les gens qui, en faute pour une chose, font semblant de croire que c'est une autre qu'on leur reproche
- Comme tout pouvoir ecclésiastique, elle jugeait les faiblesses humaines moins graves que ce qui pouvait affaiblir le principe d'autorité
- comme une grande actrice de la plage en feu
- Comment la littérature de notations aurait-elle une valeur quelconque, puisque c'est sous de petites choses comme celles qu'elle note que la réalité est contenue
- croire à la médecine serait la suprême folie, si n'y pas croire n'en était pas une plus grande
- Dans l'attente, on souffre tant de l'absence de ce qu'on désire qu'on ne peut supporter une autre présence
- dans le langage diplomatique causer signifie offrir
- de plus en plus souffrant, j'étais tenté de surfaire les plaisirs les plus simples à cause des difficultés mêmes qu'il y avait pour moi à les atteindre
- De profession à profession, on se devine, et de vice à vice aussi
- De quel morne ennui est empreinte la vie des gens qui se rendent directement en voiture chez des amis qu'ils ont connus sans avoir d'abord rêvé d'eux
- De tous les modes de production de l'amour, il est bien l'un des plus efficaces, ce grand souffle d'agitation
- dernier en classe, parce que pendant que le professeur disait des banalités sur Cicéron, lui lisait Rimbaud ou Goethe
- des jours montueux qu'on met un temps infini à gravir et des jours en pente qui se laissent descendre en chantant
- des paradis perdus, et où l'on se sentirait perdu
- Dès que la jalousie est découverte, elle est considérée par celle qui en est l'objet comme une défiance qui autorise la tromperie
- Elles n'avaient à l'égard de ce qui n'était pas de leur groupe aucune affectation de mépris, leur mépris sincère suffisait
- en dénonçant à un ami les fautes de sa maîtresse, on ne réussit qu'à le rapprocher d'elle parce qu'il ne leur ajoute pas foi, mais combien davantage s'il leur ajoute foi !
- En entrant dans toute réunion mondaine, quand on est jeune, on meurt à soi-même, on devient un homme différent
- En réalité, chaque lecteur est quand il lit le propre lecteur de soi-même
- En tant d'êtres il y a différentes couches qui ne sont pas pareilles, le caractère de son père, le caractère de sa mère ; on traverse l'une, puis l'autre
- essayer de me lier avec Albertine m'apparaissait comme une mise en contact avec l'inconnu sinon avec l'impossible
- habiles dans la culture de nos plaisirs, nous nous contentions de celui que nous avons à penser à une femme, sans être inquiets de savoir si cette image correspond à la réalité
- il est enfin vraiment rare qu'on se quitte bien, car si on était bien on ne se quitterait pas
- Il est possible que Morel, étant excessivement noir, fût nécessaire à Saint-Loup comme l'ombre l'est au rayon de soleil
- il n'est pas de belle prison | Mme de La Rochefoucauld
- Il n'y a que les femmes qui ne savent pas s'habiller qui craignent la couleur. On peut être éclatante sans vulgarité et douce sans fadeur
- Il semble que les événements soient plus vastes que le moment où ils ont lieu et ne peuvent y tenir tout entiers
- il y a dans ce monde où tout s'use une chose qui se détruit en laissant encore moins de vestiges que la beauté : c'est le chagrin
- Il y a des cynismes, des cruautés qui ne résistent pas plus à l'épreuve que certaines bontés, certaines générosités
- Il y a des moments de la vie où une sorte de beauté naît de la multiplicité des ennuis qui nous assaillent
- il y a une sorte de sursaturation des choses auxquelles on a trop pensé
- il y avait chez Mme de Guermantes une véritable grandeur qui consistait à effacer entièrement tout ce que d'autres n'eussent qu'incomplètement oublié
- j'avais assez fréquenté de gens du monde pour savoir que ce sont eux les véritables illettrés, et non les ouvriers électriciens
- J'étais dans une de ces périodes de la jeunesse, dépourvues d'un amour particulier, où partout on voit la Beauté
- je faisais ce que nous faisons tous, quand il y a devant nous des souffrances et des injustices : je ne voulais pas les voir
- je ne me sens vivre et penser que dans une chambre où tout est la création et le langage de vies profondément différentes de la mienne
- je touchais seulement l'enveloppe close d'un être qui par l'intérieur accédait à l'infini | la nature, en instituant la division des corps, n'a pas songé à rendre possible l'interpénétration des âmes
- l'absence d'une chose, ce n'est pas que cela, c'est un bouleversement de tout le reste, c'est un état nouveau qu'on ne peut prévoir dans l'ancien
- l'altruisme humain qui n'est pas égoïste est stérile, c'est celui de l'écrivain qui s'interrompt de travailler pour recevoir un ami
- l'amour n'a pour objet un corps que si une émotion, la peur de le perdre, l'incertitude de le retrouver se fondent en lui
- L'amour, c'est l'espace et le temps rendus sensibles au coeur
- l'audace réussit à ceux qui savent profiter des occasions
- l'expérience de ce que nous offre de plus mystérieux la beauté qu'on désire
- L'habitude ! aménageuse habile mais bien lente
- l'homme ayant la longueur non de son corps mais de ses années, devant les traîner avec lui quand il se déplace
- l'homme est cet être sans âge fixe, cet être qui a la faculté de redevenir en quelques secondes de beaucoup d'années plus jeune
- l'homme manque d'un certain nombre d'organes essentiels, et n'en possède aucun qui serve au baiser
- l'identité, autrement importante que la beauté pour ceux qui aiment
- L'inconnu de la vie des êtres est comme celui de la nature, que chaque découverte scientifique ne fait que reculer
- L'influence anesthésiante de l'habitude ayant cessé, je me mettais à penser, à sentir, choses si tristes
- l'instinct dicte le devoir et l'intelligence fournit les prétextes pour l'éluder
- l'âme de l'enfant que nous fûmes et l'âme des morts dont nous sommes sortis viennent nous jeter à poignée leurs richesses et leurs mauvais sorts
- l'égoïsme autoritaire et incompréhensif de l'amabilité
- la beauté de la vie, stade situé en deçà de l'art et auquel j'avais vu s'arrêter Swann
- la beauté est une promesse de bonheur. Inversement la possibilité du plaisir peut être un commencement de beauté
- La compréhension des autres est indifférente et leur amour importun
- La conversation d'une femme qu'on aime ressemble à un sol qui recouvre une eau souterraine
- La création du monde n'a pas eu lieu au début, elle a lieu tous les jours
- la jouissance que donne la belle pensée d'un maître les réduit tout de même à n'être que la pleine conscience d'un autre
- la lecture nous apprend à relever la valeur de la vie, valeur que nous n'avons pas su apprécier et dont nous nous rendons compte seulement par le livre combien elle était grande
- la mer, la plaintive aïeule de la terre, poursuivant comme au temps qu'il n'existait pas encore d'êtres vivants sa démente et immémoriale agitation
- la part des sentiments désintéressés est plus grande qu'on ne croit dans la vie des hommes
- la permanence et la durée ne sont promises à rien, pas même à la douleur
- la plus pleine de péripéties, la plus riche en épisodes, je veux dire la vie intellectuelle
- la tâche dévolue par l'habitude à l'un de ces nombreux secrétaires qu'elle s'adjoint
- La vie en se retirant venait d'emporter les désillusions de la vie
- Laissons les jolies femmes aux hommes sans imagination
- Le besoin de rêve, le désir d'être heureux par celle à qui on a rêvé, font que beaucoup de temps n'est pas nécessaire pour qu'on confie toutes ses chances de bonheur à celle qui n'était qu'une apparition fortuite
- Le champ infini des possibles s'étend, et si par hasard le réel se présentait devant nous, il serait tellement en dehors des possibles
- Le devoir et la tâche d'un écrivain sont ceux d'un traducteur
- le désir physique a ce merveilleux pouvoir de rendre son prix à l'intelligence et des bases solides à la vie morale
- le fait que nous ayons nos plus gros chagrins avec les femmes qui ne sont pas « notre genre »
- le génie consistant dans le pouvoir réfléchissant et non dans la qualité intrinsèque du spectacle reflété
- le meilleur n'était pas grand-chose - pour nous résigner à la mort
- Le mensonge est essentiel à l'humanité. On ment toute sa vie, même, surtout, peut-être seulement, à ceux qui nous aiment
- Le monde n'est pas créé une fois pour toutes pour chacun de nous
- le passé qui ne se réalise pour nous souvent qu'après l'avenir - tout d'un coup nous apprenons à lire
- Le plagiat humain auquel il est le plus difficile d'échapper, c'est le plagiat de soi-même
- le plus dangereux de tous les recels, c'est celui de la faute elle-même dans l'esprit du coupable
- le rire n'est pas un langage assez déterminé pour que je pusse être assuré de bien comprendre celui-là
- le risque d'être tué, je l'accueillais avec un sentiment de détente qui allait jusqu'à l'allégresse
- le romancier déchaîne en nous pendant une heure tous les bonheurs et tous les malheurs possibles dont nous mettrions dans la vie des années à connaître quelques-uns
- Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux, de voir l'univers avec les yeux d'un autre
- le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant ; et les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas, comme les années
- le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision
- le système des causes nombreuses d'une seule action, dont Albertine était adepte, n'était qu'une sorte de symbole des différents aspects que prend une action selon le point de vue
- le talent d'un grand écrivain, qui n'est qu'un instinct religieusement écouté, un instinct perfectionné et compris
- Le temps dont nous disposons chaque jour est élastique
- Le temps passe, et peu à peu tout ce qu'on disait par mensonge devient vrai,
- le théâtre du monde dispose de moins de décors que d'acteurs et de moins d'acteurs que de situations
- Le vraisemblable, malgré l'idée que se fait le menteur, n'est pas du tout le vrai
- les bonnes intentions d'un tiers sont sans pouvoir sur une femme qui s'irrite de se sentir poursuivie
- les cent masques qu'il convient d'attacher à un même visage
- les circonstances sont toujours si embrouillées que celui qui a cent fois raison peut avoir eu une fois tort
- Les créatures qui ont joué un grand rôle dans notre vie, il est rare qu'elles en sortent tout d'un coup d'une façon définitive
- les durs sont des faibles dont on n'a pas voulu, et les forts ont seuls cette douceur que le vulgaire prend pour de la faiblesse
- les gens à qui on peut reprocher certaines choses aiment à montrer qu'ils ne craignent pas de parler d'elles. Preuve d'innocence à leurs yeux. Mais ils ont perdu l'échelle
- les théories et les écoles, comme les microbes et les globules, s'entre-dévorent et assurent, par leur lutte, la continuité de la vie
- les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus
- les « quoique » sont toujours des « parce que » méconnus
- Les êtres nous sont d'habitude si indifférents que, quand nous avons mis dans l'un d'eux de telles possibilités de souffrance et de joie pour nous, il s'entoure de poésie
- les êtres que nous aimons sont ceux dont la physionomie intellectuelle et morale est pour nous le moins objectivement définie, nous les retouchons sans cesse
- Leur immobilité viendra de notre indifférence qui les livrera au jugement de l'esprit
- leur passé est encombré d'innombrables clichés qui restent inutiles parce que l'intelligence ne les a pas « développés »
- Là où je cherchais les grandes lois, on m'appelait fouilleur de détails
- Là où la vie emmure, l'intelligence perce une issue
- ma vie avec Albertine n'était, pour une part, quand je n'étais pas jaloux, qu'ennui, pour l'autre part, quand j'étais jaloux, que souffrance
- ma vie était souillée d'un double assassinat que seule la lâcheté du monde pouvait me pardonner
- Notre amour de la vie n'est qu'une vieille liaison dont nous ne savons pas nous débarrasser
- nous trouvons de tout dans notre mémoire : elle est une espèce de pharmacie, de laboratoire de chimie
- On construit sa vie pour une personne et quand enfin on peut l'y recevoir, cette personne ne vient pas, puis meurt pour nous et on vit prisonnier
- On devient moral dès qu'on est malheureux
- On dédaigne volontiers un but qu'on n'a pas réussi à atteindre, ou qu'on a atteint définitivement
- on n'a pas de prises sur la vie d'un autre être
- on n'aime plus personne dès qu'on aime
- On n'aime que ce qu'on ne possède pas tout entier / On n'aime que ce en quoi on poursuit quelque chose d'inaccessible
- on ne peut refaire ce qu'on aime qu'en le renonçant
- on ne se sent plus assez d'attraits pour plaire, ni de force pour aimer
- On ne travaille pas au moment où on débarque dans un pays nouveau. Or chaque jour était pour moi un pays différent
- on peut faire d'aussi précieuses découvertes que dans les Pensées de Pascal dans une réclame pour un savon
- On peut quelquefois retrouver un être, mais non abolir le temps
- On serait à jamais guéri du romanesque
- On trouve innocent de désirer et atroce que l'autre désire
- parce qu'il n'avait pas de principes, il n'avait pas à proprement parler d'intransigeance
- partir des illusions, des croyances qu'on rectifie peu à peu, comme Dostoïevski raconterait une vie
- plus tard, sentir qu'on possède le coeur d'une femme peut suffire à vous en rendre amoureux
- pour tous les grands écrivains, la beauté de leurs phrases est imprévisible, comme est celle d'une femme qu'on ne connaît pas encore
- pour une nature nerveuse (chez qui les intermédiaires, les nerfs, n'arrêtent pas dans sa route vers la conscience, mais y laissent parvenir la plainte des plus humbles éléments du moi)
- quand c'est de l'incertitude si on pourra le retenir ou s'il s'échappera, qu'est né un amour
- représenter certaines personnes non pas au-dehors mais au-dedans de nous où leurs moindres actes peuvent amener des troubles mortels
- Rien de plus tendre que cette correspondance entre amis qui ne voulaient plus se voir. Les lettres de Gilberte avaient la délicatesse de celles que j'écrivais aux indifférents
- Rien ne s'éloigne plus de ce que nous avons perçu en réalité qu'une telle vue cinématographique
- sa nature était vraiment comme un papier sur lequel on a fait tant de plis dans tous les sens qu'il est impossible de s'y retrouver
- sa prétention était que le régime sous lequel elle faisait vivre les fidèles, la tyrannie, fût appelé liberté
- sachant par le raisonnement, mais ne croyant pas effectivement
- sous toute douceur charnelle un peu profonde, il y a la permanence d'un danger
- souvent les femmes ne nous plaisent qu'à cause du contrepoids d'hommes à qui nous avons à les disputer
- Swann frôlait anxieusement tous ces corps obscurs comme si parmi les fantômes des morts, dans le royaume sombre, il eût cherché Eurydice
- tandis que se rectifie la vision que nous avons de lui, lui-même qui n'est pas un objectif inerte change pour son compte, nous pensons le rattraper, il se déplace
- Tant ceux qui font le moins et pourraient ne rien faire sont poussés par le scrupule à faire quelque chose
- Tant il est peu et de réussites faciles, et d'échecs définitifs
- Tout comme l'avenir, ce n'est pas tout à la fois mais grain à grain qu'on goûte le passé
- Tout l'art de vivre, peupler ainsi joyeusement notre vie de divinités
- Tout être aimé, même dans une certaine mesure tout être, est pour nous comme Janus
- un amour n'est que l'association d'une image de jeune fille avec les battements de coeur inséparables d'une attente interminable
- un furieux désir de les revoir que parce qu'ils s'étaient au dernier moment dérobés
- Un homme né sensible et qui n'aurait pas d'imagination pourrait malgré cela écrire des romans admirables
- Un homme qui dort, tient en cercle autour de lui le fil des heures, l'ordre des années et des mondes
- un livre est un grand cimetière où sur la plupart des tombes on ne peut plus lire les noms effacés
- un univers seulement audible pourrait être aussi varié que l'autre
- une beauté fluide, collective et mobile
- une de ces journées remplies par tant de changements de temps, que le paresseux ne croit pas les avoir perdues
- une espèce de péché originel de la femme, un péché qui nous les fait aimer | pour recommencer à aimer, il faut recommencer à souffrir
- une femme est d'une plus grande utilité pour notre vie, si elle y est, au lieu d'un élément de bonheur, un instrument de chagrin
- Une femme qu'on aime suffit rarement à tous nos besoins et on la trompe avec une femme qu'on n'aime pas
- une femme que nous entretenons ne nous semble pas une femme entretenue tant que nous ne savons pas qu'elle l'est par d'autres
- une lettre où je laissais tonner ma fureur, non sans pourtant jeter la bouée de quelques mots placés comme au hasard, et où mon amie pourrait accrocher une réconciliation
- Une oeuvre où il y a des théories est comme un objet sur lequel on laisse la marque du prix
- une vieille femme maniérée comme était M. de Charlus, qui, à force de ne voir dans son imagination qu'un beau jeune homme, croit devenir lui-même beau jeune homme
- vivre sa vie