René Girard : Combray n'est pas un objet mais la lumière où baignent tous les objets
Combray n'est pas un objet mais la lumière où baignent tous les objets. Cette lumière est aussi invisible « du dehors » que « du dedans ». Le romancier ne peut pas nous y faire baigner. Le pourrait-il, d'ailleurs, que nous ne verrions pas Combray, nous en ferions partie. Le romancier ne peut donc opérer que par une série de contrastes suggestifs entre la perception de Combray et la perception des « barbares ».
Proust nous montre qu'un objet n'est jamais le même pour Combray et pour le monde extérieur. Le romancier ne regarde pas les objets « au microscope » pour les analyser et les « découper en particules infimes », il recompose, au contraire, des perceptions subjectives que notre fétichisme de l'objet décompose en données objectives.
- René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque