Champagne - Marine Chagnon, Johann Strauss - Marcel Proust : Les soirs où nous avions emporté du champagne dans les bois de Chantepie, la voix provocante et changée

« Voulez-vous prendre un verre de champagne avec moi ? »
("Trinken Sie ein Glas Champagne mit mir?")
Chant : Marine Chagnon (mezzo-soprano)
Air d'Orlofsky : « Ich lade gern »
Soirée de clotûre de la Folle Journée de Nantes 2023

Marcel Proust, 402. les soirs où nous avions emporté du champagne dans les bois de Chantepie, la voix provocante et changée, elle avait au visage cette chaleur blême rougissant seulement aux pommettes que, la distinguant mal dans l'obscurité de la voiture, j'approchais du clair de lune pour la mieux voir et que j'essayais maintenant en vain de me rappeler, de revoir dans une obscurité qui ne finirait plus.

Johann Strauss, La Chauve-Souris

ORLOFSKY
J'aime inviter du monde.
Chez moi on mène la belle vie.
On s'amuse à son gré,
souvent jusqu'au petit matin
J'ai beau moi-même toujours m'y ennuyer,
quoi que l'on fasse et que l'on dise,
je ne tolère pas de mes invités
ce qui m'est permis en tant que maître de maison !
Et si j'en vois un
qui s'ennuie chez moi,
je l'empoigne sans plus de façons
et le fiche à la porte.
Et si vous voulez savoir
pourquoi j'agis ainsi...

C'est chez moi la coutume,
chacun à son goût !

Quand, buvant en compagnie,
je vide une bouteille après l'autre,
chacun doit avoir soif avec moi,
sinon je deviens fort désagréable !
Et quand je remplis un verre après l'autre,
je n'admets aucun refus.
Je ne puis souffrir que l'on s'écrie :
Je ne veux pas, j'en ai assez !
A celui qui ne boit pas sur mon ordre
et fait, tel un nigaud, des simagrées,
je lance sans façons
la bouteille à la tête.
Et si vous me demandez,
pourquoi j'agis ainsi ?

C'est chez moi la coutume,
chacun à son goût !

Texte original allemand
Die Fledermaus

ORLOFSKY

Ich lade gern mir Gäste ein,
man lebt bei mir recht fein,
man unterhält sich, wie man mag,
oft bis zum hellen Tag.
Zwar langweil' ich mich stets dabei,
was man auch treibt und spricht;
indes, was mir als Wirt steht frei,
duld' ich bei Gästen nicht!
Und sehe ich, es ennuyiert
sich jemand hier bei mir,
so pack' ich ihn ganz ungeniert,
werf' ihn hinaus zur Tür.
Und fragen Sie, ich bitte,
warum ich das denn tu'?

'S ist mal bei mir so Sitte,
chacun à son goût!

Wenn ich mit andern sitz' beim Wein
und Flasch' um Flasche leer',
muss jeder mit mir durstig sein,
sonst werde grob ich sehr.
Und schenke Glas um Glas ich ein,
duld' ich nicht Widerspruch;
nicht leiden kann ich's, wenn sie schrein:
Ich will nicht, hab' genug!
Wer mir beim Trinken nicht pariert,
sich zieret wie ein Tropf,
dem werfe ich ganz ungeniert
die Flasche an den Kopf.
Und fragen Sie, ich bitte,
warum ich das denn tu'?

'S ist mal bei mir so Sitte,
chacun à son goût!